samedi, janvier 20, 2007

La Mésopotamie - L'astrologie et ses applications

Les premiers textes cunéiformes traitant de l'astrologie apparaissent vers le 18ème siècle. Elle se présente déjà enracinée dans les représentations et les pratiques religieuses.

On a vu que les anciens Mésopotamiens voyaient l'univers comme une immense boule creuse en deux hémisphères emboîtés : l'En-haut, le Ciel, et l'En-bas, l'Enfer coupée, en son diamètre, par la vaste nappe de la Mer, au milieu de laquelle émergeait la Terre. Pour expliquer le fonctionnement de ce monde complexe, ils avaient imaginé toute une population surnaturelle, les dieux. Ces divinités, ils se les représentaient sur leur propre modèle, sublimé cependant à l'extrême, bien plus puissantes, bien plus intelligentes, immortelles. Comme les hommes ils sont regroupés en familles coordonnées en une société unique, aussi monarchisée que celle d'ici-bas. Un Dieu souverain unique déléguait à ses sujets les pouvoirs nécessaires pour diriger son propre secteur, tant de la nature que de la culture. La montagne, la steppe, les cours d'eau, l'agriculture, le bétail, le feu, la bière, la guerre, l'amour physique, etc.., avaient leur dieu. De même les astres, qui hantaient les régions d'En-haut, le Soleil, la Lune, les Planètes, les Etoiles fixes, les Météores, les Vents, Pluies, Orages , Tempêtes, avaient chacun leur divinité. Les hommes ayant été fabriqués par les dieux pour tirer parti des ressources naturelles, étaient tenus de se conformer aux obligations et prohibitions que l'on imaginait promulguées par les Maîtres du monde. En cas de transgression, les hommes s'exposaient à des punitions, que d'autres entités surnaturelles, les Démons, leur infligeaient. Les maladies, les malheurs, calamités et tracas de toute sorte viennent alors assombrir la vie.

Mais les dieux avaient besoin des hommes, et ils faisaient en sorte d'offrir le remède en même temps que le mal. Les procédures d'exorcisme, faites d'un mélange de prières et de gestes ritualisés, avaient des chances d'influencer les Juges suprêmes et de conduire les Démons à suspendre la peine.

Pour éviter cette justice punitive, les dieux ont élaboré une conduite préventive, en leur révélant à l'avance le sort qui leur était assigné, leur destin à venir. Mauvais, ils sauraient s'en garder en recourant à l'exorcisme, favorable, c'était un encouragement. Cet avenir, les dieux le dévoilaient par la Divination. Il pouvait se manifester par un songe, par une vision, ou toute intervention surnaturelle. C'est la divination inspirée.

Mais ce procédé de communication passive a cédé progressivement, chez cette civilisation savante et ingénieuse, à la divination déductive. Celle-ci ne s'articulait pas, comme l'autre sur le message oral, de bouche à oreille, mais sur le message écrit, au moyen de graphismes, qu'il fallait lire pour le recevoir. Il faut dire que la création tout entière, pour les Mésopotamiens, se présentait comme une immense page d'écriture divine. Lorsque tout était régulier, sans anomalies, c'est que les messagers surnaturels n'avaient rien à signaler aux hommes. Si une décision particulière était prise à leur endroit, elle se manifestait par des phénomènes insolites, singuliers, monstrueux : un mouton à six pattes, une puissante averse en saison sèche, un blond dans ce pays de bruns, un cheval cherchant à saillir un bœuf, etc... Telle était la pictographie du message des dieux, interprétée par ceux qui avaient acquis l'intelligence des codes, les devins, formés par de longues études. Ils avaient recueillis tous les présages imaginables et les avaient classés en d'innombrables traités et décryptés en oracles spécifiques.

Sous le ciel d'Orient, les pictogrammes les plus éclatants étaient inscrits dans la nuit limpide. Ils avaient observé, enregistré, étudié les astres et leur mouvement, les étoiles fixes et leur constellations, dont ils ont établi une séquence zodiacale au 1er millénaire, mais également les lampadaires du jour et de la nuit, le Soleil, la Lune, surtout qui commandait à leur calendrier. Et les Planètes, Venus Ishtar, patronne de l'Amour, Jupiter, l'Astre blanc, Mercure, Le Mouflon, Mars, L'Enflammé, et Saturne, Le Constant, dont ils prévoyaient sans faute les levers, les cheminements, absences et éclipses.

Ce travail séculaire prépare l'avènement de l'astrologie, vers 1800, qui prendra, en quelques siècles un essor considérable et sera formulée dans plus de 70 tablettes contenant plus de 10000 présages, avec le déchiffrement de chacun. L'introduction en vers, souligne que les astres n'ont pas été créés par les dieux seulement pour définir et régler l'ordre du temps, mais pour que l'on y trouve, en les observant, des communications d'en-haut. Ainsi sont prévues les sécheresses, les maladies du bétail, les crises économiques, les révoltes, les attaques des ennemis, les maladies et la mort du souverain. Mais aussi les chances de réussite, de bonheur pour la population et le Roi, les promesses de naissances, de stabilité, etc.. Ces chances et ces malchances émaillent la vie quotidienne, mais concernent le pays, le peuple, le Roi, unique chef dont la bonne ou mauvaise fortune déterminait celle de l'ensemble des sujets. A la différence de la divination déductive, dont les messages concernent la destinée de chacun, l'astrologie les affiche aux yeux de tous, sur le livre du ciel, car ils ne portent que sur le bien public.

L'astrologie au service du gouvernement.

Les Rois entretenaient partout dans le pays, un grand nombre d'informateurs, astrologues de métier qui scrutaient le ciel et transmettaient au Palais le fruit de leurs observations et leur interprétation des phénomènes. Les derniers grands Rois d'Assyrie, Asarhaddon ( 680-669 ) et Assurbanipal (668-627 ) accordaient une grande importance aux analyses des astrologues qui induisaient leurs décisions. La visibilité, la conjonction, l'opposition des mouvements des astres, les éclipses, autant d'augures dont on devait tenir compte. Les observations des différents astrologues étaient confrontées pour aboutir à des conclusions très fiables sur le plan du mouvement des astres, à défaut d'une objectivité prévisionnelle impossible.

Naissance de l'horoscope.

L'astrologie a pris le pas sur les autres techniques de la divination déductive, l'aruspicine et l'hépatoscopie. Du service du Roi et de la collectivité, elle est passée au service des individus dont la destinée était également soumise au pictogramme céleste. Le tournant de la vie d'un homme pouvait se situer à un moment particulier, coïncider avec un segment du temps, un mois, par exemple. Et parmi ces moments décisifs, figurait sa naissance. Né au 1er mois de l'année, Nisan, il était destiné à dissiper la maison paternelle, au 2ème mois, à mourir prématurément, etc.. Or ces mois, c'étaient bien les astres qui les commandaient. Il y avait donc un moyen pour l'astrologie, d'intervenir sur le destin privé.

On chemine ainsi vers la généthlialogie, la prévision de l'avenir personnel à partir des circonstances astrales de la naissance. Pas du seul mois où elle se produisait, mais du tableau céleste, de la position des divers astres à ce moment. Le plus ancien de ces horoscopes est daté de 410 avant notre ère, et précède de deux siècles les premiers spécimens hellénistiques connus. Voici la traduction de cette tablette.

" Au mois de Nisan, la nuit du 14, est né X ( le nom a disparu dans un cassure de l'argile ), fils de Shuma-usur, petit fils de Nadin-shumi, de la famille de Dêkê. La Lune se trouvait alors sous une des pinces du Scorpion; Jupiter dans le signe zodiacal du Poisson; Vénus dans celui du Taureau; Saturne dans celui Cancer et Mars dans celui des Gémeaux; Mercure n'était pas encore visible...Tout ira bien pour toi."

Ainsi, dans la seconde moitié du 1er millénaire, l'astrologie mésopotamienne était devenue un mécanisme divinatoire complet, propre à faire connaître l'avenir aussi bien public que privé. Bérose, un lettré babylonien du 3ème siècle la traduira en grec, et le monde hellénistique l'adaptera à son génie propre.

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